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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 07:13

(j'ai rassemblé ici tous les articles que j'avais publié auparavant sur la calligraphie chinoise)

                                          La calligraphie chinoise

            Une forme d'écriture mais également un art majeur et un "art d'être"

La calligraphie au pinceau des caractères chinois, pourtant indissociable de l'écriture et de son aspect utilitaire, est considérée en Chine comme un art majeur dont la peinture traditionnelle est, d'ailleurs, directement issue. A l'heure actuelle, où les caractères chinois sont écrits par tous à la pointe bille, au stylo ou à l'ordinateur, elle est devenue d’autant plus un art à part entière enseigné à l'école, pratiqué par beaucoup d'amateurs et de grands artistes.

"La calligraphie chinoise (en tant qu'art) n'est ni une écriture appliquée, ni une écriture enjolivée. Elle bannit la stylisation arbitraire des formes et plus encore le rajout décoratif. L'unique préoccupation du calligraphe chinois est de donner vie aux caractères, de les animer sans les forcer en rien. Il met sa sensibilité au service de l'écriture puis en vient, par un renversement subtil, à se servir de l'écriture pour exprimer sa sensibilité personnelle. C'est à la faveur de ce renversement que l'écriture chinoise devient un moyen d'expression d'une richesse et d'une finesse extrême." cf. "L'art chinois de l'écriture " de Jean-François Billeter

L'art de la calligraphie relève également du domaine spirituel et de la maîtrise de soi :

"Le pinceau n'est pas un outil fruste comme la plume, mais un instrument qui enregistre avec la fidélité d'un séismographe les infléchissements les plus légers du geste aussi bien que les écarts les plus soudains. Le calligraphe chinois s'en sert pour capter les forces qui viennent du plus profond de lui-même. cf. "L'art chinois de l'écriture" de Jean-François Billeter

Tous les grands calligraphes ont consacré leur vie entière à cet art. Il leur a fallu des dizaines d'années avant de devenir des calligraphes reconnus.

 

Un peu d’histoire

L'origine des caractères chinois remonte à plus de trois mille ans. Le premier style d'écriture, datant de la dynastie des Shang (1600–1046 av. J.-C.), a pu être connu à travers les inscriptions divinatoires que l'on a retrouvées sur des os d'animaux ou des carapaces de tortues : les jia gu wen - 甲骨文(甲骨 jia gu voulant dire « carapace » et « os »). Ces caractères sont des pictogrammes et ont l’aspect de l’objet qu’ils désignent. Plus de cinq mille caractères ont été identifiés. Ils ont donné naissance aux caractères encore en vigueur actuellement mais sont cependant la seule forme d'écriture qui ait disparu.

Ci-dessous, trois rangées de jiaguwen - 甲骨文 représentant des animaux avec en-dessous les caractères actuels qui en dérivent.

 

Jiaguwen - 甲骨文 Première rangée, de gauche à droite : Tigre, Cochon, Cerf, Biche, Eléphant, Lapin, Chien ; deuxième rangée, de gauche à droite : Bei (monstre mythique), Moineau, Oiseau chanteur, Faisan, Poisson, Tortue, Oiseau ; troisième rangée, de gauche à droite : Hirondelle, Ver à soie, Dragon, Boeuf, Cheval, Chèvre, Bête féroce

Jiaguwen - 甲骨文 Première rangée, de gauche à droite : Tigre, Cochon, Cerf, Biche, Eléphant, Lapin, Chien ; deuxième rangée, de gauche à droite : Bei (monstre mythique), Moineau, Oiseau chanteur, Faisan, Poisson, Tortue, Oiseau ; troisième rangée, de gauche à droite : Hirondelle, Ver à soie, Dragon, Boeuf, Cheval, Chèvre, Bête féroce

Deux nouveaux styles d'écriture identiques datant de la dynastie suivante, celle des Zhou (1046-771 av. J.-C.), se retrouvent gravés sur les bronzes et sur les sceaux. D'où leurs noms de style sigillaire - 篆书 zhuanshu (篆 zhuan voulant dire sceau) et style des bronzes - 金文 jinwen (金 jin voulant dire bronze). Ce style est encore utilisé pour les sceaux, pour les enseignes ou comme ornement. La lecture d'un grand nombre de ces caractères demande un entraînement particulier.

Style sigillaire - 篆书 zhuanshu

Style sigillaire - 篆书 zhuanshu

Après l'unification de l'empire chinois par Jin Shi Huangdi - qin'shi'h, en 221 avant J.C, et l’unification de l’écriture, la calligraphie au pinceau fait son apparition. Elle est l’apanage des lettrés, hommes de culture et de pouvoir – poètes, écrivains, philosophes, historiens, politiciens occupant souvent des postes importants au gouvernement. Un nouveau style d'écriture apparaît qu’utilisent donc les officiels de la cour, le style des scribes ou de chancellerie - 隶书 lishu (li voulant dire « employé », « scribe »). Les caractères sont très proches des caractères actuels et sont lisibles par tout le monde.

Style des scribes ou de chancellerie - 隶书 lishu

Style des scribes ou de chancellerie - 隶书 lishu

Sous la dynastie des Han, au troisième siècle de notre ère, apparaît le style "normal" ou "régulier"- 楷书. Le tracé des caractères doit suivre très strictement des règles dictant l’ordre et le sens des traits (voir paragraphe « un peu de technique »). C'est maintenant le style qui est enseigné de prime abord dans les écoles et est utilisé couramment en imprimerie.

Style régulier -  楷书 kaishu

Style régulier - 楷书 kaishu

A la même époque, se développe une "déformation" du style régulier, une façon beaucoup plus rapide mais lisible d'écrire les caractères. Il s'agit du style courant - 行书 xingshu (xing voulant dire « fluide »). C'est également, approximativement, le style qu'utilisent naturellement tous les chinois quand ils écrivent rapidement à la pointe bille ou au stylo.

Style courant - 行书 xingshu
Style courant - 行书 xingshu

Style courant - 行书 xingshu

Le style cursif, développé également sous la dynastie Han, est composé de caractères modifiés pour la notation rapide. Il est appelé "écriture d'herbe" - 草书 caoshu ( cao voulant dire « herbe ») pour sa ressemblance à des herbes balayées par le vent. C'est une écriture presque aussi difficile à déchiffrer pour les chinois que la sténographie pour les occidentaux. C'est pourtant un style qui a toujours gagné la faveur des calligraphes, sans doute parce que c'est le style le plus libre et que c’est à travers lui qu'ils arrivent le mieux à s'exprimer.

 

Style cursif  - 草书 caoshu

Style cursif - 草书 caoshu

Un peu de technique

L'écriture chinoise est composée de milliers de caractères et chaque caractère correspond à un son et à un mot. Les écoliers chinois apprennent à tracer les caractères à la plume ou à la pointe bille (calligraphie à pointe dure - 硬笔书法) mais également au pinceau (calligraphie à pointe souple转笔书法 ). Avoir une belle écriture est une marque d'éducation et de culture.

Quelque soit le style de calligraphie utilisé, le tracé des caractères doit suivre des règles très strictes (qui deviennent rapidement des réflexes, bien entendu) pour que le caractère soit lisible et équilibré.

Chaque caractère doit tenir dans un carré parfait (imaginé) et les traits doivent être tracés dans un sens et un ordre précis.

De manière générale on trace les traits dans cet ordre : d'abord le ou les traits du haut, ensuite le ou les traits du milieu, puis le ou les traits à gauche, le ou les traits à droite et en dernier le ou les traits du bas. Si un caractère est lui-même composé de plusieurs caractères de base (appelés "clé - 部首 bushou), on trace d'abord le caractère du haut (en respectant l'ordre des traits), ensuite le caractère du milieu, puis le caractère de gauche et le caractère de droite et, en dernier, le caractère du bas.

Il existe huit types de traits et environ 200 clés qui composent les 50 000 et plus caractères chinois répertoriés. Mais 4000 à 5000 caractères environ suffisent pour la langue courante.

On retrouve les huit types de traits dans le caractère yong, ci-dessous, qui veut dire "éternité", et que tous les étudiants en calligraphie chinoise connaissent immanquablement.

 

Le caractère yong - 永

Le caractère yong - 永

1. le point - dian (tracé de haut en bas)

2. le trait horizontal - heng (tracé de gauche à droite)

3. le trait vertical - shu (tracé de haut en bas)

2 + 3 et 5 + 6. le trait brisé - 横折 hengzhe (le pinceau monte vers la droite, tourne et descend vers la gauche)

3 + 4. le crochet - gou (le pinceau descend et remonte vers la gauche)

5. le trait relevé - ti (tracé de bas en haut)

6 et 7. le trait descendant vers la gauche - pie

8. le trait descendant vers la droite - na

Le cours de calligraphie

Pour commencer, on recopie inlassablement les écrits des grands maîtres estampés à partir de stèles anciennes. Ces écrits estampés sont rassemblés dans des livrets appelés 字帖 zitie, outils bien connus des apprentis calligraphes. Cet exercice qui consiste à recopier des zitie peut être pratiqué pendant des années. Il en existe un nombre incalculable reproduisant des textes anciens historiques, littéraires, philosophiques, poétiques etc… et correspondant à tous les styles de calligraphie (voir plus haut). Certains estampages sont accompagnés de conseils pour le tracé des caractères ou pour la mise en page du texte calligraphié.

 

 

Exemples de zitie - 字帖
Exemples de zitie - 字帖
Exemples de zitie - 字帖

Exemples de zitie - 字帖

La tenue du pinceau, le maintien, la concentration, le contrôle du souffle, un état d'esprit paisible, sont d'une importance capitale. On compare souvent la pratique de la calligraphie au taiqi chuan ou à la méditation.

A l'école de calligraphie de Pékin - 北京书法学校, il y a quelques années (cela n'existe plus maintenant) des cours étaient organisés le dimanche pour les amateurs. J'étais la seule femme et la seule étrangère à assister au cours. L'école n'est maintenant ouverte qu'aux étudiants..
A l'école de calligraphie de Pékin - 北京书法学校, il y a quelques années (cela n'existe plus maintenant) des cours étaient organisés le dimanche pour les amateurs. J'étais la seule femme et la seule étrangère à assister au cours. L'école n'est maintenant ouverte qu'aux étudiants..
A l'école de calligraphie de Pékin - 北京书法学校, il y a quelques années (cela n'existe plus maintenant) des cours étaient organisés le dimanche pour les amateurs. J'étais la seule femme et la seule étrangère à assister au cours. L'école n'est maintenant ouverte qu'aux étudiants..
A l'école de calligraphie de Pékin - 北京书法学校, il y a quelques années (cela n'existe plus maintenant) des cours étaient organisés le dimanche pour les amateurs. J'étais la seule femme et la seule étrangère à assister au cours. L'école n'est maintenant ouverte qu'aux étudiants..
A l'école de calligraphie de Pékin - 北京书法学校, il y a quelques années (cela n'existe plus maintenant) des cours étaient organisés le dimanche pour les amateurs. J'étais la seule femme et la seule étrangère à assister au cours. L'école n'est maintenant ouverte qu'aux étudiants..

A l'école de calligraphie de Pékin - 北京书法学校, il y a quelques années (cela n'existe plus maintenant) des cours étaient organisés le dimanche pour les amateurs. J'étais la seule femme et la seule étrangère à assister au cours. L'école n'est maintenant ouverte qu'aux étudiants..

Les Quatre Trésors du Lettré – 文房四宝 wenfang si bao

Nous avons vu que, sous la Chine impériale, le maniement du pinceau, le seul moyen utilisé à l'époque pour écrire les caractères chinois, était réservé aux « lettrés », ceux qui avaient pu faire des études.

Et le lettré, pour écrire, s'entourait d'ustensiles, souvent savamment travaillés, chefs-d’œuvre artisanaux dont le raffinement s'est développé et diversifié au long des millénaires.
Ces outils - encre, pierre à encre, pinceau, papier - choisis avec le plus grand soin et considérés avec le plus grand respect, ont été très tôt appelés les Quatre Trésors du Lettré - 文房四宝 (wenfang si bao), littéralement "les Quatre Trésors du Cabinet d'Etude". Les Quatre Trésors du Lettré sont, encore à notre époque, toujours choisis et entretenus par leurs utilisateurs avec beaucoup de soin et d’amour. Parce que la composition des "Quatre Trésors du Lettré" repose strictement sur des matières naturelles, le connaisseur qui les manipule y voit un sésame pour la relation homme-univers, cette notion d'harmonie générale qui est le fondement de la pensée chinoise.

 

 

Pinceau, pose pinceau, bâton d'encre, pierre à encre avec couvercle, godet et cuillère pour verser l'eau sur la pierre à encre, presse-papiers (barres en bronze gravées)

Pinceau, pose pinceau, bâton d'encre, pierre à encre avec couvercle, godet et cuillère pour verser l'eau sur la pierre à encre, presse-papiers (barres en bronze gravées)

Le pinceau – 毛笔 maobi

En poils de chèvre (souples), de belette (durs) ou de chèvre et de belette mélangés. Le choix de leur épaisseur, de leur longueur et de leur dureté dépend de la taille et du style des caractères que l’on veut tracer. Les pinceaux sont transportés roulés dans de petites nattes en osier et rangés de préférence suspendus la tête en bas, notamment s’ils ne sont pas secs (ils doivent être rincés après chaque utilisation). Les très grosses brosses servent à lisser et débarrasser le papier de ses impuretés. Les porte-pinceaux sont en eux-mêmes de véritables œuvres d'art.

 

La calligraphie chinoise - 中国书法
La calligraphie chinoise - 中国书法

L'encre - (mo)

Elle se présente sous forme de bâtons richement décorés. Ce bâton est composé de noir de fumée, de colle et de matières végétales. Le noir de fumée est obtenu par combustion de diverses matières (bois de sapin, huiles...) qui donnent des qualités d'encre différentes.
L'encre liquide est obtenue en frottant le bâton sur une "pierre à encre" sur laquelle on a versé un peu d'eau.

On peut acheter dans le commerce de l'encre liquide déjà toute faite, vendue dans des flacons, pratique pour l'utilisation en classe mais moins "dans les règles de l'art".

Bâtons d'encre avec leur emballage

Bâtons d'encre avec leur emballage

La pierre à encre - 砚台(yantai)

C'est sur elle qu'on délaie le bâton d'encre en le frottant dans un peu d'eau. Traditionnellement, les "pierres à encre" sont taillées dans la pierre, mais au cours de fouilles archéologiques on a découvert des encriers très anciens en jade, en laque, en métal (bronze, argent) ou en porcelaine. La pierre à encre est en elle-même un objet d’art très précieux qui attire de nombreux collectionneurs. Elle est choisie avec soin pour sa matière, son décor et la qualité de sa surface. Le moment où l'on délaie l'encre est un moment de recueillement. On  se concentre en pensant aux caractères que l'on va calligraphier ou en parcourant un livre de modèles (zitie - 字帖), c'est pourquoi je ne penche pas pour l'utilisation de l'encre toute faite (que je qualifierai de l'encre des paresseux) car elle supprime ce moment que je trouve moi-même très important.

Pierres à encre dont deux avec couvercle

Pierres à encre dont deux avec couvercle

Cette pierre à encre comporte une incrustation de jade et une chauve-souris est sculptée sur son bord et sur son couvercle. La chauve-souris porte bonheur. C'est un motif que l'on retrouve sur de nombreux bâtiments anciens notamment à la Cité Interdite à Beijing.

Cette pierre à encre comporte une incrustation de jade et une chauve-souris est sculptée sur son bord et sur son couvercle. La chauve-souris porte bonheur. C'est un motif que l'on retrouve sur de nombreux bâtiments anciens notamment à la Cité Interdite à Beijing.

Le papier - 宣纸(xuanzhi)

Son choix est aussi très étudié. Il existe toutes sortes de qualité de papier, plus ou moins absorbant,plus ou moins blanc et se présentant sous toutes sortes de taille.

Pour s'entraîner, on peut utiliser du papier plus grossier, de couleur écrue, fabriqué avec des fibres de bambou et d'un faible coût, le "maobianzhi - 毛边纸"

Pour réaliser une belle calligraphie on utilise du  "xuanzhi - 宣纸", papier fabriqué avec de la paille de riz.

Il existe aussi du papier rouge porte-bonheur pour la calligraphie des sentences parallèles du nouvel an  (les duilian - 对联), les mariages, les vœux en général.

 

 

 

Quelques feuilles de papier

Quelques feuilles de papier

A l’école de calligraphie de Pékin – 北京书法学校 – les professeurs sont « réquisitionnés » pour tracer les  duilian – 对联 qui vont être collés à l’entrée des unités de travail.

A l’école de calligraphie de Pékin – 北京书法学校 – les professeurs sont « réquisitionnés » pour tracer les duilian – 对联 qui vont être collés à l’entrée des unités de travail.

 Des adresses à Beijing :  

                                                                                                   

1. Pour acheter du matériel de calligraphie (trésors du lettré et livres de  modèles)                   

 

On peut se procurer du matériel un peu partout dans Beijing y compris dans certains grands magasins et grandes librairies, mais les lieux les plus réputés sont :

 

Dans la rue Liulichang - 琉璃厂, dans le quartier de Xuanwu - 宣武区, au sud de Hepingmen - 和平门, on trouve de nombreux d'articles pour calligraphie dont les plus anciens et célèbres sont :

           - Rongbaozhai - 荣宝斋, 19 Liulichang West st., Xuanwu district 宣武区琉璃厂西街19号 

           - Yidege - 一得阁, 44 Liulichang West st., Xuanwu district 宣武区琉璃厂西街44号  

           - Jiguge - 汲古阁, 134 Liulichang East st., Xuanwu district 宣武区琉璃厂东街134号 

           

Dans la rue du 4 mai (wusi dajie), quartier de Dongcheng, 东城区五四大街, les                            magasins d'art en face de la National Gallery - 中国美术馆  vendent tous du matériel                   pour calligraphie                                                                                                                                      

2. Pour voir des expositions de calligraphie :

 

Musée de la capitale 首都博物馆

16 Fuxingmenwaidajie, Xicheng district

西城区复兴门外大街16

 

National Gallery  中国美术馆

Wusi dajie, Dongcheng district

东城区五四大街

 

Kuai Xue Hall Calligraphy Museum 快雪堂书法博物馆

rive nord du lac à l'intérieur du Parc Beihai, Xicheng district

西城区北海公园

                      

Références de lectures :

 

« L’art chinois de l’écriture » de Jean-François Biller, éd. Skira, 2001

 

« Chinese calligraphy » de Chen Tingyou, China Intercontinental Press, 2003 (en vente au Magasin de l’Amitié - 友谊商店 ou à la librairie du Musée de la Capitale - 首都博物馆)

 

« L’écriture chinoise » de Viviane Alleton, coll. « Que sais-je ? », éd. P.U.F, 2005

La librairie du Musée de la Capitale - 首都博物馆 présente tout un choix de livres en français ou en anglais sur la calligraphie et l’écriture chinoises.

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 03:59

En Chine, la consommation d'alcool est souvent associée à l'art, à la poésie et à la calligraphie. Les grands artistes de la Chine ancienne sont réputés pour avoir souvent trouvé l'inspiration en buvant en compagnie d'amis et l'on retrouve souvent dans leurs oeuvres la référence au bonheur et au bien-être ressentis grâce à un verre de vin.

Le vin auquel ces lettrés s'adonnaient est le "vin jaune - 黄酒 huang jiu", un alcool de riz dont le lieu de production le plus réputé est la région de Shaoxing - 绍兴 dans la province du Zhejiang - 浙江, au sud de Shanghai.

Ce vin, de couleur ambre foncé, de 12 degrés d'alcool environ, quelquefois plus, se boit chaud servi dans un petit pot spécial, le 温酒壶 - wenjiu hu, qui permet de le chauffer au bain-marie. Il est obtenu par la fermentation de grains de riz non suivie de distillation et s'apparente au saké jaonais qui s'en est d'ailleurs inspiré. C'est un vin traditionnel, connu depuis la période néolithique, et qui servit à l'origine de boisson sacrificielle offerte en libation aux esprits des ancêtres et aux divinités supérieures. C'est une boisson également reconnue comme bonne pour la santé (en consommation raisonnable), et il est, dans certains cas, recommandé en médecine chinoise pour accompagner la prise de médicaments.

Le vin jaune fut une source d'inspiration pour les poètes et artistes des dynasties Jin - 晋 à Song - 宋 (entre les IIIe et XIIIe siècles). Lors de soirées, les convives étaient invités à composer des poèmes tout en dégustant du vin. Le grand poète de la dynastie Tang - 唐, Li Bai - 李白 (701-762), grand buveur épris de liberté et qui mena une vie de bohème et de vagabondage, associe souvent la lune et le vin dans ses poèmes dont voici, ci-dessous, le plus célèbre du genre.

 

月下獨酌

花間一壷酒

獨酌無相親

舉杯邀明月

對影成三人

Je bois seul sous la lune

Un pichet de vin parmi les fleurs

Je bois seul, sans compagnon

Je lève ma coupe pour convier la lune claire

Avec mon ombre, nous sommes trois

 

Quelques siècles auparavant, sous la dynastie des Jin - 晋 (265- 420), dans la région de Shaoxing, le célèbre calligraphe Wang Xizhi - 王羲之(303-361) aimait réunir ses amis poètes et calligraphes autour d'un bon repas bien arrosé. Un jour de l'année 353, alors qu'il avait rassemblé une quarantaine d'amis près du Pavillon des Orchidées - 蘭亭 lan ting, il lança parmi eux un concours de poésie tout à fait particulier. Il posa une coupe de vin sur l'eau d'un petit ruisseau qui coulait tout près après avoir installé ses amis sur la rive. La coupe voguait au gré du courant et lorsqu'elle s'approchait d'un convive, celui-ci devait composer un poème. Celui qui ne s'en acquittait pas correctement devait boire la coupe de vin. Grisé par la présence de ses amis et aussi par le vin, Wang Xizhi prit un pinceau et traça la préface au recueil des poésies composées ce jour-là.

La "Préface au recueil du Pavillon des Orchidées - 蘭亭序 Lan Ting Xu est devenue, par sa spontanéité et sa fraîcheur, un grand classique de calligraphie de style cursif - 行书 xingshu. C'est l'oeuvre de calligraphie de ce style la plus célèbre et la plus copiée de l'histoire de Chine. (*)

En mémoire de cet évènement, tous les ans, se tient à Shaoxing, au troisième mois lunaire (en avril de l'année solaire), un Festival de Calligraphie.

(*) C'est l'oeuvre que je tente de recopier au pinceau depuis quelques temps, sans grand succès, en m'accompagnant d'un godet de vin de Shaoxing. Peut-être dois-je augmenter la dose de vin jaune ?

Une bouteille de vin de Shaoxing - 绍兴黄酒 assez ordinaire qui sert aussi pour la cuisine. Cinq ans d'âge et 12 degrés d'alcool environ. 1,5 L à 30 yuans (4,5 Euros)

Une bouteille de vin de Shaoxing - 绍兴黄酒 assez ordinaire qui sert aussi pour la cuisine. Cinq ans d'âge et 12 degrés d'alcool environ. 1,5 L à 30 yuans (4,5 Euros)

Un chauffe-vin individuel - 温酒壶
Un chauffe-vin individuel - 温酒壶

Un chauffe-vin individuel - 温酒壶

La couverture d'un livre qui rassemble trois copies de la Préface du Pavillon des Orchidées - 蘭亭序 dont une de l'empereur Qianlong - 乾隆 (1735-1796) de la dynastie des Qing

La couverture d'un livre qui rassemble trois copies de la Préface du Pavillon des Orchidées - 蘭亭序 dont une de l'empereur Qianlong - 乾隆 (1735-1796) de la dynastie des Qing

Les deux premiers morceaux de cette préface
Les deux premiers morceaux de cette préface

Les deux premiers morceaux de cette préface

Le vin des lettrés - 文人之酒
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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 06:12

Petit sanctuaire pour le culte de Guan Yu - 关羽, dans la campagne, près des Tombeaux Ming, au nord-est de Beijing.

Laobaixing (les gens) : le culte de Guanyu - 老百姓 :崇拜羽
Cliquer sur les photos pour voir les sentences en entierCliquer sur les photos pour voir les sentences en entier

Cliquer sur les photos pour voir les sentences en entier

Laobaixing (les gens) : le culte de Guanyu - 老百姓 :崇拜羽

Guan Yu – 关羽 (160 – 220) est un général, encore extrêmement célèbre, de la période des Trois Royaumes. Il a été immortalisé dans le roman classique " Les Trois Royaumes – 三国演义 San Guo yanyi » de Luo Guanzhong - 罗贯中datant du 14e siècle, où il est dépeint comme un guerrier loyal et honorable capable d'exploits surhumains. Il a été divinisé quelques siècles après sa mort, sous la dynastie des Sui (581 – 614) et est toujours révéré de nos jours en Chine, aussi bien par les taoïstes, les confucianistes et les bouddhistes que dans des croyances populaires locales. Il s’appelle 关公– Guangong (Seigneur Guan) ou 关帝- Guandi (Empereur Guan) chez les taoïstes et Sangharama Bodhisattva chez les bouddhistes. Il est le protecteur des hommes d’affaires, des commerçants, des familles, des policiers, mais aussi… des membres de la mafia. Bref, il est mis à toutes les sauces et on le trouve partout, surtout dans le sud de la Chine, également à Taiwan et dans les quartiers chinois de New-York et de San Francisco. On le reconnaît à son teint rubicond, à sa barbe fournie et à sa hallebarde.

La présence de Guan Yu dans toutes les confessions chinoises vous donne une idée de la complexité du système religieux chinois qui souvent combine plusieurs religions et philosophies anciennes.

Pour en revenir au petit sanctuaire, sur ce chemin de campagne, j’ai été attirée par les sentences parallèles – 对联 duilian (les bandes de papier collées sur les deux côtés de l’entrée) et qui comportent des caractères chinois qui n’existent pas ou, en tout cas, qui ne figurent pas dans les dictionnaires même le plus complet et le plus sophistiqué. Grâce à Baidu - 百度 (le Google chinois), j'ai appris que ces sentences étaient dédiées au culte de Guan Yu.

On lit verticalement :

sur la bande de droite 日 昌 晶 日x4 安天下

sur la bande de gauche 月 朋 月x3 月x4 定乾坤

Le caractère 日ri veut dire le soleil ou le jour

Le caractère 月yue veut dire la lune ou le mois

Les deux caractères associés 日 + 月 forment le caractère 明 ming qui veut dire clarté, clair, lumière.

2 x日 = 昌 chang : florissant

3 x 日 = 晶 jing : brillant

4 x 日 n’existe pas

2 x 月 = 朋 peng : ami, amical (je pense que, ici, c’est l’image des deux lunes qui prévaut)

3 x 月n’existe pas

4 x 月 n’existe pas

On peut en déduire que 日 et 月 répétés et mis en parallèle veulent dire : grande luminosité, fort rayonnement.

Les groupes de mots en dessous, 安天下an tianxia et 定乾坤 ding qiankun, veulent dire respectivement : « paix sous le ciel » et « stabilité de l’univers ». On pourrait donc traduire ces deux sentences par : « le rayonnement de Guanyu apporte paix sur la terre et stabilité dans l’univers ».

Un exemple de toutes les idées que, grâce aux caractères chinois, on peut exprimer de façon imagée.

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 06:08
Pinceaux pour la calligraphie en vente dans la rue Liulichang - 琉璃厂, une rue commerçante de Beijing dédiée aux antiquités, aux livres et aux articles de calligraphie (les "Quatre trésors du lettré文房四宝", voir les articles sur la calligraphie des 22 décembre 2007, 19 mars 2010 et 8 août 2010).
Ecrire - 写字
Ecrire - 写字
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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 17:26

c

 

 

Beijing, Dimanche 8 août 2010 - 北京,2010 年8月8日星期日

 

 

Calligraphie - 书法

 

 

Une forme d'écriture mais aussi un art majeur et un "art d'être"

 

 

L'écriture chinoise est composée de milliers de caractères et chaque caractère correspond à un son et à un mot. Les écoliers chinois apprennent à tracer les caractères à la plume ou à la pointe bille (calligraphie à pointe dure - 硬笔书法) mais également au pinceau (calligraphie à pointe souple(转笔书法 ). Avoir une belle écriture est une marque d'éducation et de culture.

Quelque soit le type de calligraphie utilisé, le tracé des caractères doit suivre des règles très strictes (qui deviennent rapidement des réflexes, bien entendu) pour que le caractère soit lisible et équilibré.

Chaque caractère doit tenir dans un carré parfait (imaginé) et les traits doivent être tracés dans un sens et un ordre précis. 

De manière générale on trace les traits dans cet ordre : d'abord le ou les traits du haut, ensuite le ou les traits du milieu, puis le ou les traits à gauche, le ou les traits à droite et en dernier le ou les traits du bas. Si un caractère est lui-même composé de plusieurs caractères de base (appelés "clé -  部首 bushou), on trace d'abord le caractère du haut (en respectant l'ordre des traits), ensuite le caractère du milieu, puis le caractère de gauche et le caractère de droite et, en dernier, le caractère du bas.

Il existe huit types de traits et environ 200 clés qui composent les 50 000 et plus caractères chinois répertoriés. Mais 4000 à 5000 caractères environ suffisent pour la langue courante.

On retrouve les huit types de traits dans le caractère 永 yong, ci-dessous, qui veut dire "éternité".

 

 

Calligraphie-Kaishu 006bis

 

 

1. le point - 点 dian (tracé de haut en bas)

2. le trait horizontal - 横 heng (tracé de gauche à droite)

3. le trait vertical - 竖 shu (tracé de haut en bas)

2 + 3 et 5 + 6. le trait brisé - 横折hengzhe (le pinceau monte vers la droite, tourne et descend vers la gauche)

3 + 4.  le crochet - 钩 gou (le pinceau descend et remonte vers la gauche)

5. le trait relevé - 提 ti (tracé de bas en haut)

6 et 7.  le trait descendant vers la gauche - 撇 pie

8. le trait descendant vers la droite - 捺 na

 

 

L'origine des caractères chinois remonte à plus de trois mille ans. Le premier style d'écriture, datant de la dynastie des Shang, a pu  être connu à travers les inscriptions divinatoires que l'on a retrouvées sur des os d'animaux ou des carapaces de tortues : les jia gu wen - 甲骨文. Plus de cinq mille caractères ont été identifiés. Ils ont donné naissance aux caractères encore en vigueur actuellement. Ils sont cependant la seule forme d'écriture qui ait disparu.

Ci-dessous, trois rangées de jia gu wen avec dessous les caractères actuels qui en dérivent.

 

 

jiaguwenbis

 甲骨文 jiaguwen

 

 

 

 

Un nouveau style d'écriture datant de la dynastie suivante, celle des Zhou, se retrouve sur les bronzes et sur les sceaux. D'où son nom de style sigillaire - 篆书 zhuanshu. Ce style est encore utilisé pour les sceaux, pour les enseignes ou comme ornement. La lecture d'un grand nombre de ces caractères demande un entraînement particulier.

 

 

  zhuanshubis

 Style sigillaire - 篆书 zhuanshu

 

 

 

Après l'unification de l'empire chinois par Jin Shi Huangdi en 221 avant J.C, un nouveau style d'écriture apparaît utilisé par les officiels de la cour, le style des scribes ou de chancellerie - 隶书 lishu. Les caractères sont très proches des caractères actuels et sont lisibles par tout le monde.

 

lishubis

Style des scibes - 隶书 lishu

 

 

Sous la dynastie des Han, au troisième siècle de notre ère, apparaît le style "normal" ou "régulier"- 楷书. Le tracé des caractères doit suivre des règles très strictes (voir ci-dessus) et c'est maintenant le style qui est enseigné de prime abord dans les écoles et est utilisé couramment en imprimerie.

 

 

Calligraphie-Kaishu 007-008-009-010

Style régulier -  楷书 kaishu

 

 

A la même époque, se développe une "déformation" du style régulier, une façon  beaucoup plus rapide mais lisible d'écrire les caractères. Il s'agit du style courant - 行书 xingshu. C'est également, grosso-modo, le style qu'utilisent naturellement tous les chinois quand ils écrivent rapidement à la pointe bille ou au stylo.

 

 

Calligraphie xingshu 059-copie-1

Style courant - 行书 xingshu

 

 

Le style cursif est composé de caractères modifiés pour la notation rapide. Il est appelé "écriture d'herbe" - 草书 caoshu. C'est une écriture presque aussi difficile à déchiffrer que la sténographie pour les occidentaux. C'est pourtant un style qui a toujours gagné la faveur des calligraphes, sans doute parce que c'est à travers ce style qu'ils arrivent le mieux à s'exprimer.

 

caoshu

Style cursif  - 草书 caoshu

 

 

La calligraphie au pinceau, pourtant indissociable de l'écriture et de son aspect utilitaire, est considérée en Chine comme un art majeur dont la peinture traditionnelle est, d'ailleurs, directement issue :

 

"La calligraphie chinoise (en tant qu'art) n'est ni une écriture appliquée, ni une écriture enjolivée. Elle bannit la stylisation arbitraire des formes et plus encore le rajout décoratif. L'unique préoccupation du calligraphe chinois est de donner vie aux caractères, de les animer sans les forcer en rien. Il met sa sensibilité au service de l'écriture puis en vient, par un renversement subtil, à se servir de l'écriture pour exprimer sa sensibilité personnelle. C'est à la faveur de ce renversement que l'écriture chinoise devient un moyen d'expression d'une richesse et d'une finesse extrême." cf. "L'art chinois de l'écriture " de Jean-François Billeter

 

L'art de la calligraphie relève également du domaine spirituel et de la maîtrise de soi :

 

"Le pinceau n'est pas un outil fruste comme la plume, mais un instrument qui enregistre avec la fidélité d'un séismographe les infléchissements les plus légers du geste aussi bien que les écarts les plus soudains. Le calligraphe chinois s'en sert  pour capter les forces qui viennent du plus profond de lui-même.  cf. "L'art chinois de l'écriture" de Jean-François Billeter

 

Tous les grands calligraphes ont consacré leur vie entière à cet art. Il leur a fallu des dizaines d'années avant de devenir des calligraphes reconnus.

 

 

 

Cours de calligraphie

 

Pour commencer, on recopie inlassablement les écrits des grands maîtres estampés à partir de stèles anciennes.

 

La tenue du pinceau, le maintien, la concentration, le contrôle du souffle, un état d'esprit paisible,  sont d'une importance capitale

 

 

Novembre 2009 bis 152bis copy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Calligraphie - Mars 2010 009bis copy

 

 

 

 

 

 

 

 

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Novembre 2009 bis 032bis copy

 

 

 

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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 07:24

Beijing, Vendredi 19 mars 2010 - 北京, 2010年3月19 日星期五


Les Quatre Trésors du Lettré - 文房四宝


La calligraphie au pinceau fut, sous la Chine impériale, l'apanage des lettrés, hommes de culture et de pouvoir - poètes, écrivains, philosophes, historiens, politiciens - occupant souvent des postes importants au gouvernement.
Le maniement du pinceau, le seul moyen utilisé à l'époque pour écrire les caractères chinois, était réservé à ceux qui avaient pu faire des études.
Le lettré, pour écrire, s'entourait d'ustensiles, souvent savamment travaillés, chefs-d'oeuvre artisanaux dont le raffinement s'est développé et diversifié au long des millénaires.
Ces outils - encre, pierre à encre, pinceau, papier - choisis avec le plus grand soin et considérés avec le plus grand respect, ont été très tôt appelés les Quatre Trésors du Lettré - 文房四宝 (wenfang si bao), littéralement "les Quatre Trésors du Cabinet d'Etude".
A l'heure actuelle, où les caractères chinois sont tracés par tous au bic, au stylo ou à l'ordinateur, la calligraphie au pinceau est devenue un art à part entière, enseigné à l'école et pratiqué par beaucoup d'amateurs. Les Quatre Trésors du Lettré sont toujours choisis et entretenus par leur utilisateurs avec beaucoup de soin et d'amour.
Parce que la composition des "Quatre Trésors du Lettré" repose strictement sur des matières naturelles, le connaisseur qui les manipule y voit un sésame pour la relation homme-univers, cette notion d'harmonie générale qui est le fondement de la pensée chinoise.

cliquer sur la photo pour l'agrandir ou la télécharger

Pinceau, bâton d'encre, pierre à encre avec couvercle, godet et cuillère pour verser l'eau sur la pierre à encre, presse-papiers (barres en bronze)
Calligraphie-Tresors du lettre - Mars 2010 0004 copy





Le pinceau - 毛笔 (maobi)

En poils de chèvre (souples), de belette (durs) ou de chèvre et de belette.  Le choix de leur épaisseur, de leur longueur et de leur dureté dépend de la taille et du style des caractères que l'on veut tracer.



les pinceaux sont transportés roulés dans des petites nattes en bambou...
Calligraphie-Tresors du lettre - Mars 2010 0006 copy





et rangés de préférence suspendus la tête en bas, notamment si ils ne sont pas secs (ils doivent être rincés après chaque utilisation). Les très grosses brosses servent à lisser et débarrasser le papier de  ses impuretés. Les porte-pinceaux sont en eux-mêmes de véritables oeuvres d'art.
Calligraphie-Tresors du lettre - Mars 2010 0007 copy





L'encre - 墨 (mo)

Elle se présente sous forme de bâtons richement décorés. Ce bâton est composé de noir de fumée, de colle et de matières végétales. Le noir de fumée est obtenu par combustion de diverses matières (bois de sapin, huiles...) qui donnent des qualités d'encre différentes.
L'encre liquide est obtenue en frottant le bâton sur une "pierre à encre" sur laquelle on a versé un peu d'eau.

Bâtons d'encre avec leur emballage
Calligraphie-Tresors du lettre - Mars 2010 0101 copy






La pierre à encre - 砚台(yantai)

C'est sur elle qu'on délaie le bâton d'encre en le frottant dans un peu d'eau. Traditionnellement, les "pierres à encre" sont taillées dans la pierre, mais au cours de fouilles archéologiques on a découvert des encriers très anciens en jade, en laque, en métal (bronze, argent, métal) ou en porcelaine.
La pierre à encre est en elle-même un objet d'art très précieux qui attire de nombreux collectionneurs. Elle est choisie avec soin pour son décor et pour la qualité de sa surface.



Pierres à encre dont deux avec couvercle
Calligraphie-Tresors du lettre - Mars 2010 0092 copy







Cette pierre à encre comporte une incrustation de jade et une chauve-souris est sculptée sur son bord et sur son couvercle. La chauve-souris porte bonheur. C'est un motif que l'on retrouve sur de nombreux bâtiments anciens notamment à la Cité Interdite à Beijing.
Calligraphie-Tresors du lettre - Mars 2010 0093 copy





Le papier - 宣纸(zhi)

Son choix est aussi très étudié. Il existe toutes sortes de qualité de papier, plus ou moins absorbant,plus ou moins blanc... Il existe aussi du papier rouge pour la calligraphie des sentences parallèles - 对联(duilian), les mariages, les voeux en général.



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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 02:27
Beijing, Samedi 22 décembre 2007 北京20071222日星期


Quand écrire est tout un art.... 写字是一种艺术


En Chine, l'attention portée à l'aspect graphique de l'écriture est probablement aussi ancienne que l'écriture chinoise elle-même (plus de 3000 ans), ainsi qu'en témoignent les premières inscriptions sur bronze dont la beauté ne saurait être le fruit du hasard. L'écriture au pinceau fut, pendant très longtemps, la seule manière d'écrire. Tout chinois sachant écrire possède, au moins, les rudiments de l'écriture au pinceau qu'il a appris à l'école primaire. Bien que le pinceau ait été depuis longtemps remplacé par le stylo à plume ou à bille pour les usages quotidiens, l'écriture au pinceau est encore très répandue, comme un art à part entière, pour la rédaction des enseignes, des affiches, le développement personnel. Elle a une telle importance dans la formation des caractères chinois que même tracés au stylo ceux-ci sont soumis à des contraintes liées à l'usage du pinceau.


Beijing, Yang Fuchun, mon beau-père,  calligraphe amateur de talent 
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Arles, Juillet 2007, l'artiste Huang Rui pendant sa performance "The No Book" ("Le livre du Non")
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Pingyao (Province du Shanxi), enfant dans la cour de sa maison
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Foshan (Province du Guangdong), moine rédigeant  le reçu d'une donation
pour la restauration de son temple

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Liaoyang (Province du Liaoning), cours de calligraphie à la pointe dure (stylo à encre ou à bille)
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