Beijing, Jeudi 20 mars 2008 – 北京,2008年3月20日
星期四
Le 20 mars 2008, dans un petit théâtre
de la banlieue Est de Beijing - le Théâtre des Paysans - des poètes célébraient le 40ème anniversaire du lancement par Mao, en mars 1968, de l’envoi
à la campagne de tous les étudiants - les «jeunes instruits » - pour se faire rééduquer par des paysans illéttrés.
Une décision tellement aberrante qu’on
cherche encore à comprendre les motivations du Grand Timonier : trouver une solution à l’excédent de main-d’œuvre dans les villes ? accélérer le développement des campagnes ?
mettre un terme au mouvement des Gardes Rouges qui lui échappait de plus en plus ? prolonger la révolution et raffermir son autorité en lançant une nouvelle campagne ? ces deux
dernières explications sont probablement les bonnes.
Certains de ces
étudiants sont restés dans les campagnes environ deux ans. Beaucoup ont pu, par la suite, reprendre leurs études et n’ont pas gardé de leur séjour au vert un souvenir trop douloureux. Mais de
nombreux intellectuels étiquetés, à l’époque, comme « droitiers » ou «chiens à la botte du capitalisme» ont dû y rester beaucoup plus longtemps. Certains n’ont pu retourner dans
les villes que dans les années 1980, parfois grâce à l’obtention d’un emploi d’ouvrier, d’autres ont renoncé à rentrer et se sont établis à la campagne. Tous ceux-là forment ce qu’on appelle la
« génération perdue ».
Le petit Théâtre des
Paysans (littéralement « Théâtre des Habitants du Village de l’Est»)
a été inauguré le 21 janvier 2008
Au cours de cette commémoration, des poèmes, écrits pendant leur période à la campagne par des poètes, ex- « jeunes instruits », ont été lus par les
poètes eux-mêmes ou par des sympathisants.
Evocations douloureuses : années perdues, avenir
brisé, éloignement, mal du pays, solitude…
Mais aussi des évocations chaleureuses :
gratitude et reconnaissance envers les paysans qui les ont accueillis en dépit de la dureté de leur vie et de leur pauvreté.
« Beijing à 4h08 du matin – 这是四点零八分的北京 »
de Shi Zhi – 食指
«A mes
frères pêcheurs – 致渔家的兄弟»
de Mang Ke – 芒克
«Chine, j’ai perdu ma clé – 中国,
我的钥匙丢了»
de Liang Xiaobin – 梁小斌dit
par l’auteur
«Agonie de mars – 三月兴末日»
de Yue Zhong –- 岳重
«Un immeuble au milieu des champs –
田楼»
de Lu Jian - 陆建
«Je crois en
l’avenir – 相信未来»
de Shi Zhi – 食指
dit par l’auteur
Pour cette poésie, Shi Zhi a été mis en prison
par Qiang Jing, l’épouse de Mao,
sous prétexte que si il croyait en l’avenir c’est qu’il ne croyait pas au présent,
c'est-à-dire en Mao.