En Chine, une Fête Nationale qui n’est plus une fête
Pour la première fois depuis que je vis en Chine, et si je suis à Beijing au moment du 1er octobre, jour de la Fête Nationale, je ne suis pas allée sur la Place Tian’an Men voir la foule en liesse se réjouir de l’avancée du pays vers une vie meilleure et plus de libertés pour chacun, car il n’y a plus de foule en liesse. L’heure est à la morosité. On attend, sans trop y croire, de grands changements annoncés en sourdine pour après le 16 octobre, jour où va se tenir le grand congrès quinquennal du PCC qui décide de l’orientation du futur gouvernement pour les cinq ans à venir. Xi Jinping est bien enraciné et va certainement obtenir un troisième mandat, inédit jusqu’à présent, mais possible depuis qu’il a fait amender la Constitution. Li Keqiang, le premier ministre, homme pragmatique et peu politicien, sur lequel on pouvait fonder quelques espoirs, vient d’être apparemment écarté. Et le maintien de Xi Jinping en place ne peut qu’être négatif pour la Chine, puisque les problèmes qu’il n’a fait qu’aggraver pendant son précédent quinquennat vont encore très certainement s’aggraver… Détérioration des conditions climatiques, de l’économie, des relations avec Taïwan et des relations avec l’Occident, mort de Hong-Kong, de moins en moins de libertés. Parmi mes amis chinois - des artistes, des cadres dans le privé, des intellectuels, des étudiants – tous évoquent la Révolution Culturelle des années 1966 à 1976 – tant l’atmosphère, les interdictions et les brimades actuelles leur rappellent ce qu’ils ont vécu jeunes ou, pour les plus jeunes, entendu raconter par leur parents. Et il a fallu la mort de Mao pour que cesse la Révolution Culturelle.